« Quand on les trouve, on ne les laisse pas s’en aller (mais ils sont difficiles à trouver). »

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La cloche a sonné, c’est la rentrée ! Au VTI de Bruges, Johan Desloovere a remis sa casquette de coordinateur de la section « Peinture et décoration ». Il passe ses troupes en revue avec le sourire. Alors qu’ailleurs, le nombre d’étudiants entrants et sortants en peinture et décoration diminue depuis des années, il reste stable au VTI de Bruges. « Il n’est pourtant pas facile de valoriser la formation et la profession », explique-t-il.

Premier bilan

Le VTI de Bruges compte 55 élèves en peinture et décoration, répartis entre le deuxième degré, le troisième degré et l’année de spécialisation (septième année). Johan se livre à une première estimation : « Une dizaine d’élèves entreront et huit sortiront en fin d’année scolaire. Les élèves se plaisent chez nous et apprécient la formation. » Mais presque personne ne considère cette formation de peintre-décorateur comme un « choix positif ». Elle n’est proposée qu’à partir du deuxième degré de l’enseignement secondaire professionnel. Elle recueille pour ainsi dire les élèves qui n’ont pas décroché de diplôme après la sixième année (filière B) ou qui ont précédemment échoué dans une orientation technique (filière A). « Quand ces jeunes arrivent ici, leur motivation et leur estime d’eux-mêmes en ont déjà pris un coup », explique Johan. Le facteur psychologique en début de formation n’est donc pas négligeable. « Ma philosophie va à l’encontre de l’idée selon laquelle tout le monde est capable de peindre. Pour moi, la peinture est un métier à part. »

Les mesures d’économie prises dans l’enseignement nous touchent deux fois plus 

Le programme de la formation de peintre-décorateur est très complet. Le cursus général comprend des cours de langues, de mathématiques et de sciences sociales. Le volet pratique couvre une série de techniques et l’utilisation de différents outils, ainsi qu’une analyse approfondie des produits. « Un peintre doit savoir avec quoi il travaille. Nous enseignons donc aux élèves le réflexe de lire intégralement l’étiquette avant d’ouvrir un pot. C’est indispensable en vue d’une application et d’un nettoyage corrects, mais aussi sur le plan de la santé et de la sécurité. Nos élèves ont d’ailleurs obtenu la certification obligatoire relative aux diisocyanates, l’an dernier. »

Au fil de cette année scolaire, les différents niveaux de spécialisation (section construction et peinture-décoration) vont s’atteler à la restauration d’une ancienne ferme. Dans le cadre de ce projet, les élèves devront faire appel à toutes les connaissances et compétences qu’ils ont acquises. À noter que les artisans soigneux sont très prisés dans une région chargée d’histoire comme celle de Bruges. « Le concept d’“année de spécialisation” va malheureusement disparaître dans les années qui viennent », regrette Johan. « Cette énième mesure d’économie dans l’enseignement privera les élèves sortants d’une expérience pourtant essentielle. Notre secteur n’avait pas besoin de ça.»

Les campagnes d’image restent nécessaires

Bien que la formation de peintre-décorateur au VTI de Bruges connaisse un relatif statu quo, Johan continue de souligner l’importance des campagnes d’image. « Nous avons nous-mêmes participé avec enthousiasme à la campagne “SOS Schilder”. Comme elle était parrainée par des personnalités flamandes, elle a largement attiré l’attention des médias. Cet engouement ne s’est néanmoins pas traduit par une augmentation significative du nombre d’inscriptions. Selon moi, la campagne ne visait pas le bon groupe cible. Elle s’adressait aux élèves de sixième année, sur le point d’entrer à l’école secondaire. Mais je crois que c’est trop tôt, car ces élèves veulent ou doivent peut-être encore un peu tâter le terrain avant de se décider. Je pense que la campagne devrait plutôt cibler les élèves qui ont déjà fait leurs premiers pas dans l’enseignement secondaire. Mon conseil aux politiques : affinez votre timing d’intervention. »

Johan est toutefois sûr d’une chose : « Le sort a beau s’acharner sur le secteur, d’après mon expérience, tous les acteurs impliqués dans la formation des peintres (des fournisseurs aux stagiaires) font de leur mieux pour assurer l’avenir de ce beau métier qui ne disparaîtra jamais. »